Communiquer :
un défi quotidien pour les couples ?
Lidia Leonardi,
Conseillère familiale et conjugale
La communication ou plutôt l’absence de communication est une des
raisons les plus fréquentes de consultation de couple. Quels en sont les
principaux obstacles et comment tenter d’y remédier ?
Entendre et écouter sont deux choses bien différentes. En situation de conflit,
si on entend l’autre, il est rare qu’on l’écoute réellement. Tant et si bien
que pendant qu’il/elle parle, nous sommes déjà en train de chercher ce que nous
allons lui rétorquer pour le mettre à mal et si possible lui faire aussi
admettre ses torts. Nous sommes alors dans une communication défensive dans
laquelle notre attention est alors focalisée sur nous-même et non sur les
propos de notre partenaire.
Ajoutons à cela que pour s’assurer d’être entendu(e), nous allons nous appuyer
sur des éléments, certes imparables, mais aussi ‘impardonnables’ : la
généralisation et l’exagération. Et comme si ce n’était pas suffisant, nous
prendront soin de les mettre en forme dans de jolis reproches.
Poursuivons
avec notre impression de connaître l’autre par cœur. Celle-ci a deux conséquences.
La première est de nous amener à oublier que notre partenaire n’est pas une
statue de cire figée dans le temps et peut donc évoluer. Or, omettre cela,
c’est interpréter ses comportements et ses propos en utilisant des grilles de
lecture qui nous appartiennent et sont peut-être dépassées. La seconde consiste
à nous faire croire que nous connaissons l’autre encore mieux qu’il/elle ne se
connaît lui/elle-même ! De ce fait, ses explications, ses sentiments, ses
ressentis sont niés, décriés et remis en cause sous prétexte qu’ils ne
correspondent pas à ceux que nous nous étions faits à sa place.
Enfin, impossible de parler d’entraves à la communication sans mentionner notre
tendance à prendre notre partenaire pour un devin ! Sans un mot ni demande, ni
explication, l’autre sait ce qui nous touche, ce que nous désirons, ce que nous
attendons… Nous avons donc tous en nous des attentes inexprimées que nous
pensons que l’autre va, comme par magie, deviner et auxquelles il/elle va
évidemment s’empresser de répondre de la manière la plus juste qui soit.
Déception et colère sont au rendez-vous quand ce n’est pas le cas.
Comment passer à une communication plus constructive ?
Commençons par communiquer de manière plus juste. Si le négatif doit être dit
gardons en tête que le positif aussi. Communiquer c’est exprimer ses craintes,
ses griefs, ses manques, mais c’est également dire son amour, se rappeler un
souvenir ou faire un compliment.
Cessons de croire que nous savons et prenons le temps de vérifier notre bonne
compréhension des propos de notre partenaire en reformulant ou en posant des
questions. De la sorte nous lui montrerons aussi notre intérêt pour ce qu’il
dit.
Gardons en tête que nos partenaires aiment être dans l’air du temps et
évoluent. Restons dans le présent et évitons de nous perdre dans un passé
auquel on ne pourra rien changer. S’accrocher au passé ne permet pas d’éviter
qu’il se reproduise, que du contraire…
Acceptons que nous sommes tous différents et arrêtons de croire que nos
ressentis, nos expériences de vie, nos représentations, nos éducations, nos
valeurs et autres sont universelles. Parlons de nous, de nos envies, de nos
goûts, de nos attentes et cessons de croire que notre partenaire est capable de
lire dans les eaux troubles de notre âme.
Enfin, rappelons nous simplement que notre égo et notre fierté nous empêche
souvent d’aller vers l’autre, alors que c’est justement de cet autre dont nous
avons besoin pour communiquer et exister.